L’orthophonie, au cœur des troubles du langage et de la communication

Qu'est ce qu'un orthophoniste ?© AndreaObzerova

Langage oral, langage écrit, parole, voix, déglutition, oralité, neurologie… l’orthophoniste a plus d’un tour dans son sac et a une pratique diverse et variée. On vous en dit plus pour mieux connaître cette profession qui ne cesse d’évoluer.

Une histoire de l’orthophonie

L’orthophonie est une profession des métiers du soin. Elle concerne principalement le langage et la communication ou tout autre champ qui peut avoir un lien avec une altération du langage et/ou de la communication. À l’origine, cette discipline a été développée par le Dr. Colombat en 1828 pour redresser la parole, notamment le bégaiement. Puis, cette profession s’est étendue aux autres dysfonctionnements du langage et de la parole, comme les troubles de l’articulation. Suzanne Borel-Maisonny a été celle qui a institué cette profession en France en 1955, mais cette profession a été officiellement reconnue en 1964. Depuis, l’orthophonie ne cesse d’évoluer dans ses pratiques élargissant ainsi son champ de compétences. Aujourd’hui, le niveau d’études requis est un bac+5.

Orthophoniste : une profession de santé

L’orthophoniste intervient à la demande d’un médecin, ce qui nécessite une prescription médicale. La profession est rattachée à l’Agence Régionale de Santé (l’ARS). C’est donc une profession réglementée inscrite dans le répertoire national Adeli. L’orthophoniste est également un professionnel conventionné par la sécurité sociale, ce qui signifie que ses actes sont reconnus comme une réponse de soins et sont remboursés. En tant que professionnel de santé, l’orthophoniste est soumis au secret médical et ne peut pour des raisons éthiques et déontologiques partager les données médicales de son patient. Rien ne peut être partagé avec un autre professionnel sans l’autorisation du patient ou de son représentant légal. En tant que professionnel de santé, l’orthophoniste a plusieurs missions: prévenir, évaluer et traiter.

L’Orthophonie, pour qui ?

L’orthophoniste accompagne les personnes présentant un retard ou un trouble du langage et / ou de la communication. Cela peut concerner aussi d’autres types d’atteintes qui touchent la sphère orale ou cognitive qui sont en lien ou non avec des troubles du langage comme par exemple : une maladie neurodégénérative ou un trouble de l’oralité.

Ses champs d’actions sont variés et cela dans différents domaines :

  • Le langage oral (vocabulaire, élaboration des phrases)
  • La parole (articulation)
  • Le langage écrit (lecture et orthographe)
  • La communication (entrer en interaction, habiletés sociales, pragmatique)
  • Le raisonnement logico-mathématiques
  • Les fonctions cognitives: mémoire, attention, planification, associations d’idées, flexibilité…
  • La déglutition
  • La voix

A partir du moment où la pathologie altère le langage, la communication ou encore l’alimentation, l’orthophoniste peut intervenir. C’est d’ailleurs pour cela, que contrairement aux idées reçues, il n’intervient pas exclusivement auprès d’enfants. L’orthophoniste peut aussi aider des adultes présentant des maladies neurodégénératives (parkinson, Alzheimer, Charcot…) ou ayant subi des lésions au cerveau (à la suite d’un AVC par exemple ou après un traumatisme crânien). Sans oublier les adultes qui présentent une pathologie depuis l’enfance et pour qui un suivi au long terme peut être préconisé.

L’orthophoniste n’est pas un professeur de français 

L'orthophoniste intervient sous prescription médicale, ce qui signifie qu’il y a un décalage dans le développement du langage de la personne. Cette déviance observée par un médecin nécessite donc un bilan plus précis et/ou une rééducation adaptée avec la mise en place d’exercices et de moyens compensatoires. Cela signifie, que l’orthophoniste ne pourra prendre en charge des allophones que s' il y a déjà eu des difficultés dans le développement du langage, dans leur langue maternelle.  L’orthophoniste ne pose pas de diagnostic mais peut l’orienter. Seul un médecin, comme un neuropédiatre dans les circonstances d’un suivi pour les enfants, est à même de dire, en recueillant les différents bilans, s’il s’agit d’un trouble dit “dys-”. Si les résultats aux différents tests montrent des chiffres équivalents au seuil pathologique, alors seulement à ce moment-là, l’orthophoniste pourra juger de la nécessité d’un suivi. L’orthophoniste ne fait donc pas du soutien scolaire et n’est pas un professeur de français.

Des séances basées sur un apprentissage ludique

Et bien oui, l’orthophoniste joue !!! Parce que jouer est une stimulation naturelle pour le langage et surtout la structuration de la pensée. Jouer, c’est également motivant pour un enfant plutôt que d’être frontalement confronté à ses difficultés. Mais comme l’orthophoniste se base sur un bilan précis, il sait à l’avance ce qu’il va introduire et ajouter dans son jeu pour l’adapter à un travail spécifique sans que l’enfant s’en rende compte et que ce ne soit pas une contrainte. Un moment plaisant et ludique sera mieux intégré qu’un moment contraint. La manipulation et le jeu sont deux moyens d’apprendre, ou de réapprendre plus efficacement. Alors oui l’orthophoniste joue entre autres aux Playmobil mais quel plaisir pour tout le monde !

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L'orthophonie, au cœur des troubles du langage et de la communicationSéance d'orthophonie basée sur le jeu © Karolina Grabowska / Prostock studio / Nicola Barts

Orthophoniste : un vrai travail d’équipe !

Le métier d’orthophoniste peut s’exercer en cabinet libéral, à l’hôpital ou en établissement spécialisé. Pour les établissements et l’hôpital, il fera partie de ses missions de travailler avec une équipe pluridisciplinaire. Une vraie richesse pour un accompagnement cousu-main pour les patients. Il pourra alors partager sa pratique avec un psychomotricien, un psychologue, un médecin, un ergothérapeute, un orthoptiste, un infirmier, un enseignant spécialisé, un éducateur, etc… En libéral, il sera tout aussi important, avec l’accord du patient, de créer un partenariat avec les autres professionnels qui gravitent autour de lui. Dans le cadre du suivi d’enfants scolarisés, le lien avec l’enseignant sera bien évidemment intéressant et riche, mais comme expliqué plus haut, il ne pourra divulguer certains éléments, sous réserve du secret médical. Dans tous les cas, le partenaire numéro 1 sera bien évidemment le patient et ses parents (mais aussi conjoint / enfants s’il s’agit d’un adulte).

J’ai un doute, dois-je consulter un orthophoniste ?

Si vous constatez des difficultés de langage pour vous-même ou l’un de vos proches, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. S’il juge nécessaire, il vous orientera vers un orthophoniste et vous préconisera des examens complémentaires, comme un avis ORL. 

L’orthophonie en quelques chiffres…

En France, la profession d’orthophoniste est très féminisée (97%) et on dénombre 27 642 orthophonistes exerçant sur le territoire au 1er janvier 2021. Cependant, le besoin de soins orthophoniques augmente alors que le nombre d’orthophonistes formés reste encore faible. Face à cette situation, les orthophonistes proposent déjà quelques solutions : allo-ortho.com, un site qui permet d’accéder à des informations pour répondre aux questions, aux inquiétudes. Et une plateforme animée par des orthophonistes, dans 3 régions, explique aux demandeurs si leurs troubles nécessitent un bilan ou une prise en charge orthophonique.

 

La variété d’actions des orthophonistes fait de ce métier, une profession paramédicale riche. Encore assez récente, sa diversité d'interventions reste assez méconnue. Ce métier requiert entre autres une bonne écoute, de la bienveillance, de la curiosité et de la créativité. 
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