Le psychiatre : un médecin de l’âme

© Alex Gree 

Un psychiatre, c’est quoi ? Étymologiquement, un « médecin de l’âme »... Le psychiatre est spécialisé dans le diagnostic de troubles mentaux graves nécessitant la plupart du temps une prise en charge médicamenteuse. De par son titre, il est le seul “psy” à pouvoir prescrire des médicaments. En France, le titre de psychiatre est protégé, ainsi il doit être membre de l’Ordre des médecins.

Un psychiatre et un psychologue : quelle différence ?

« Un psychiatre, c’est un médecin... qui n’est pas du tout psychologue ! ». Derrière cette boutade se cache la différence de formation. Même si en pratique les deux sont amenés à soigner la souffrance psychique, le psychologue soigne avec les mots, tandis que le psychiatre aborde une démarche médicamenteuse pour apaiser les troubles si ceux-ci sont trop envahissants (agitation, angoisses, troubles du sommeil, dépression sévère, etc.) et qui empêchent de vivre sereinement. De plus, le psychiatre est habilité à poser un diagnostic (ce qui ne l’empêche pas de pouvoir recourir à des bilans psychologiques, paramédicaux orthophoniques, et psychomoteurs afin d’affiner le diagnostic). Il peut aussi procéder à des examens complémentaires (bilan génétique, par exemple).

Psychothérapie / Psychanalyse

Bien que officiellement les psychiatres peuvent se déclarer  psychothérapeutes, tous n’ont pas fait de formation spécifique dans ce domaine. La psychothérapie est un outil de soins, que le soignant a étudié et expérimenté, et dont la maîtrise lui permet d’aider le patient à avancer. Ainsi, la psychanalyse, les thérapies cognitivo-comportementalistes sont des formes de psychothérapie, mais ne sont ni les seules ni les mieux adaptées à toutes les situations. Comme avec n’importe quel soignant, c’est l’humanisme de la personne qui fera que le courant passera ou non.

Pourquoi aller voir un psychiatre qui n’est pas psychothérapeute, ou un psychiatre-psychothérapeute mais pas pour une psychothérapie ?

Parfois, les symptômes sont si importants, si invalidants qu’il est nécessaire de les amender ou au moins les diminuer par un traitement médicamenteux afin de continuer à vivre dans des conditions acceptables. Chez l’enfant très perturbé, voire trop envahi par sa maladie, les médicaments vont pouvoir apaiser les tensions et permettre à l’enfant (et à l’entourage!) d’être plus disponible pour faire des acquisitions. Il ne s’agit donc pas de « shooter » l’enfant, de le rendre amorphe et atone, mais de trouver le bon médicament et la bonne dose. Cela nécessite souvent de commencer par une dose faible et de l’augmenter progressivement à chaque consultation. A contrario, lors d’une hospitalisation, la médication peut être d’emblée importante et diminuée progressivement : ceci est dû au fait qu’une hospitalisation est souvent causée par un embrasement des symptômes, qu’il faut éteindre au plus vite. De plus, le psychiatre hospitalier peut voir le patient et suivre son évolution au jour le jour. 

Chez l’adulte, le psychiatre peut intervenir en soutien médicamenteux d’une psychothérapie, sur sollicitation du thérapeute, mais aussi directement à la demande du patient. En effet, tout le monde n’est pas forcément prêt à aborder la cause de ses problèmes, et préfère seulement l’amendement des symptômes. 
Soutien médicamenteux d’une psychothérapie © Mohammed Hassan | © Karolina-Grabowska

La psychiatrie en libérale : une pratique de proximité

En libéral, le psychiatre est « seul » : même s’il peut exercer au sein d’un cabinet avec d’autres confrères ou d’autres professions. Il est tenu par le secret médical et n’a pas à échanger de renseignements sur ses patients, et même avec ses confrères. Il peut néanmoins échanger sur une situation clinique afin d’y voir plus clair, comme lors d’une supervision, mais en respectant le secret médical. C’est-à-dire en ne mentionnant aucun détail qui  permettrait au confrère de reconnaître la personne, c’est la situation clinique qui  importe dans ces échanges et non la personne, à la différence d’une consultation ou d’un suivi. Il n’en reste pas moins que cela peut être un exercice difficile, sorte de funambulisme intellectuel !

La psychiatrie en institution : un vrai travail d’équipe

En institution, le psychiatre travaille en équipe pluridisciplinaire aux côtés de psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, infirmières, assistantes sociales, éducateurs, enseignants, etc. Entre ces professionnels, les échanges visent à aider la personne à poursuivre son épanouissement personnel malgré la situation de handicap. Mais là aussi ne sont échangées que les informations nécessaires et utiles à la prise en charge de la personne, ce qui n’est pas un exercice plus facile !
J’ai rien à dire ! Et puis de toute façon vous allez tout raconter à mes parents !!
Eh non ! Tout ce qui est dit, tout ce qui est fait pendant l’entretien reste dans le cabinet. Sauf évidemment en cas de maltraitance, où le professionnel est obligé par la loi de faire un signalement. Mais là encore le thérapeute doit d’abord expliquer à l’enfant, ou à l’adulte vulnérable, pourquoi il est important de  révéler l’information, afin que la maltraitance cesse et soit jugée comme il se doit, tout en préservant au maximum la confiance qui a été mise dans le thérapeute. Mais c’est vrai qu’il n’est pas toujours facile de dire, de parler de sa souffrance, surtout quand on  est enfant et que l’on n’a pas toujours les mots pour le dire ! Le thérapeute peut alors proposer une  médiation, comme le dessin, le jeu, la pâte à modeler, etc. afin d’aider à l’expression du malaise et  du mal-être.

 

Travail en équipe pluridisciplinaire tout en conservant le secret médical  | © Noelle Otto | © ernestoeslava | © Alexander Suhorucov 

« Pourquoi y a-t-il si peu de pédo psychiatres en libéral ?

Un pédopsychiatre est un médecin, qui au cours de sa formation de psychiatre a fait une formation spécifique en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Mais la réglementation limite l’activité des pédopsychiatres aux enfants de 0 à 16 ans, alors que le psychiatre n’est pas limité par l’âge de ses patients. Les quelques pédopsychiatres installés en libéral choisissent souvent d’être inscrits comme « psychiatres » afin de pouvoir suivre ou revoir leurs patients au-delà des 16 ans ! C’est donc souvent le bouche-à-oreille qui permet de savoir que tel psychiatre voit aussi les enfants, et à défaut, la question à poser  lors de la prise de rendez-vous.

Les séances chez le psychiatre sont-elles remboursées ?

« Voir un psychiatre, c’est remboursé », oui, cependant la psychothérapie n’étant pas référencée par la  sécurité sociale, elle ne devrait pas (officiellement) être remboursée… A contrario, des complémentaires santé prennent en charge quelques séances de psychothérapie, à condition que  celles-ci soient effectuées par un psychologue. Depuis peu des séances sont également prises en charge par l’Assurance Maladie, à condition d’être prescrites par un médecin et effectuées par un psychologue adhérent au dispositif.

Quelques chiffres…

En France, on recense 15 560 psychiatres en activité en 2019. A l’horizon 2030, les effectifs devraient évoluer de 7% en prévision. Une profession assez mixte, avec 53% de femmes dans ce métier en 2020. De nos jours, les modes d’exercice ont évolué pour tendre vers une équité des psychiatre exerçant en libéral et ceux travaillant en tant que salarié. Cependant, la France manque toujours de psychiatres, ce qui offre donc des perspectives de recrutement très favorables.

Le psychiatre est au plus proche de ses patients, il doit avoir un grand  sens de l'écoute. Faire appel au psychiatre pour soi ou ses proches, permet de ne pas rester seul avec son mal-être, il est nécessaire d’alerter afin d’éviter qu'une situation ne s’aggrave.

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